Sur le dos des « gendarmes couchés »

8 avril 2014

Sur le dos des « gendarmes couchés »

Les pandores virent au bleu turquoise lorsqu’ils entendent l’expression « gendarmes couchés ». Pas sûr que les zèbres sans rayures, s’ils pouvaient parler, approuvent non plus l’appellation « dos d’âne ». Mais le mot « ralentisseurs » n’est pas encore bien ancré dans le vocabulaire des Ouagalais, même si les pneus de leur moto, les jantes de leur vélo et les amortisseurs de leur voiture savent de quoi il s’agit.

Des ralentisseurs dans une rue du quartier Wemtenga à Ouaga (Ph : Zatibagnan)
Des ralentisseurs dans une rue du quartier Wemtenga à Ouaga (Ph : Zatibagnan)

Les ralentisseurs à Ouaga ? C’est un mal nécessaire. Personne ne les aime, mais tout le monde sait qu’ils servent. D’abord à freiner l’enthousiasme des Ouagalais qui adorent faire la vitesse. Ensuite, à brider la poussière qui a tendance à vouloir remplacer l’atmosphère de la capitale du Burkina.

Mais avant, vous avez bien le droit de savoir ce que c’est que les « gendarmes couchés » sur les « dos d’âne » des « ralentisseurs ». Ce sont des monticules de terre oblongues posés en travers des rues de Ouaga à coup de pelle. Leur hauteur dépend du degré de colère et de ras-le-bol qui habitait  leurs géniteurs au moment où ils les dressaient.

Les ralentisseurs fleurissent (c’est vraiment le mot)  dans les « six-mètres » (rues) de Ouaga lorsque les riverains d’un « six-mètres » commencent à étouffer sous la poussière ou lorsque trop des leurs ont été fauchés par des roues trop pressées.

Alors, à coup de pelle, ils font venir de la terre avec laquelle ils fabriquent (ou se font fabriquer) avec une vitesse étonnante ces ralentisseurs. Ensuite, ils s’asseyent et regardent avec contentement les usagers les gravir en ahanant et en poussant des jurons. Parfois, cela dépasse de simples cris de colère.

Certains usagers, surpris par la position des « gendarmes couchés » (des « couples de gendarmes couchés », selon un enseignant bien connu au Burkina), s’y cassent souvent les dents ou… la pipe.

A part ça, c’est une pratique que semblent adouber les autorités municipales, qui, elles-mêmes, n’hésitent pas à coucher les gendarmes sur les dos d’âne sur certaines rues goudronnées, histoire de  ralentir la mort qui a tendance à vouloir transformer le bitume en funérarium… Ainsi va la vie à Ouaga !

Zatibagnan

Depuis Ouaga

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