Référen-doum doum !

9 janvier 2014

Référen-doum doum !

 » Donc, on va finir l’année avec ça ?  » Interrogation gorgée d’inquiétude et d’angoisse prononcée par un homme attablé devant une femme dans un restaurant de Ouaga, en fin d’année 2013. Il résume ce que de nombreux Ouagalais pensent à l’articulation d’un mot qui vole parmi les molécules d’air (gorgées de démissions au sein du parti présidentiel) de la capitale burkinabè : « Référendum » !

Le ciel politique et social de Ouaga (et du Burkina)  s'annonce orageux.
Le ciel politique et social de Ouaga (et du Burkina) s’annonce orageux.

Ce mot a été prononcé un jeudi matin (12 décembre 2013) dans une ville sahélienne du Burkina : Dori. Il n’aurait pas beaucoup ému s’il n’avait pas été lâché par le premier des  Burkinabè. Celui qui doit rester au-dessus de la mêlée. Celui de qui on espérait l’étincelle d’espoir.

Mais le chef de l’Etat burkinabè est décidé (comment le comprendre autrement ?) à passer par un référendum pour modifier la clause qui l’empêche de prétendre passer 30 ans au pouvoir.

Mon pays s’apprête donc à  s’insérer dans le rang de ce qui est devenu un cliché sur l’Afrique : rester au pouvoir.

Mon chagrin

Mais ce qui me chagrine le plus, ce n’est pas qu’un homme reste et profite des honneurs d’ici-bas. C’est ce qui pourrait arriver de triste à la belle capitale des deux roues.

Cette ville où plus de 2 millions d’âmes se lèvent chaque matin avant le chant du coq, bravent le froid glacial de Somgandé en ce temps de janvier (même si les changements climatiques nous jouent de drôles de tours), vendent des cartes de recharge, mangent du « benga » arrosé d’huile parfois frelatée, finissent leur soirée dans les maquis, les cabarets, leurs petites concessions de fortune ou dans les bras de leurs maîtresses ou de leurs « petits pompiers » (expression consacrée).

Qui  est le peuple ?

Ma hantise, c’est de voir ces deux voisins qui se chahutent chaque jour devenir des ennemis mortels parce que rendus bestiaux par des harangues politiques et politiciennes (opposants fossilisés, anciens-nouveaux opposants, démissionnaires-opposants, non opposants, opposants à condition que) qui prétendent parler au nom d’un peuple qu’ils ne connaissent très souvent pas ou qui se limite à ce que leur blablatent leurs proches intéressés.

Ma crainte, c’est de voir ma belle capitale burkinabè (le poulailler est un palais de prince arabe pour le coq, malgré la puanteur des lieux) éteindre les lampions de ses rues et allumer les lampes de la violence sanglante.

J’ai peur que la dernière syllabe du mot « référendum » devienne « doum doum » et ramène Ouaga du Burkina 50 ans derrière Ouaga de Haute-Volta. Mais,  il faut une exception pour que la règle se confirme. Amen !

Zatibagnan

Depuis l’échangeur de Ouaga 2000

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